L’armée irakienne n’est pas encore prête

Publié le par ALANI

Feurat Alani, envoyé spécial pour Le Soir

Bagdad, un matin de Mai. La chaleur est étouffante. Le soleil précoce assomme déjà les têtes vêtues de casquettes vertes. Dans le camp militaire d’Abou Ghraïb, des jeunes recrues s’entraînent au tir. La très grande majorité de ces futurs soldats fait partie de la communauté chiite. Motivée par le salaire (400 Dollars) et sans expérience. C’est le fléau de l’armée irakienne. Loin des cercles politiques de Washington où le débat sur le retrait des troupes américaines d'Irak fait rage, les chefs militaires sur le terrain énumèrent de nombreux défis que les forces de sécurité irakiennes doivent relever avant de devenir autonomes. Tout d’abord, la confiance des irakiens. Ces derniers n’entendent que de mauvaises choses sur l’armée irakienne, qui serait infiltrée de milices. Les exactions des « escadrons de la mort » ont lieu durant le couvre-feu. Autrement dit, sous l’égide des militaires irakiens. « Il n'y a effectivement pas assez de confiance entre le peuple irakien et les forces de sécurité », déplore un général américain, « notamment à cause des exactions et abus imputés aux forces de l'ordre » ajoute-t-il.

 

Autre problème : le recrutement. Il a principalement lieu dans les zones chiites, les sunnites refusant de collaborer avec le gouvernement irakien. Depuis le limogeage de l’armée irakienne appliqué par l’ancien administrateur Paul Bremer en 2003, très peu de sunnites ont rejoint les rangs de l’armée. Le reste a basculé dans la guérilla ou demeure inactif. « Un autre facteur sur lequel nous travaillons est la hiérarchie intermédiaire. Il y a beaucoup de hauts gradés et de simples soldats, mais pas assez d'officiers entre les deux », explique le chef d’Etat-major. Pour y remédier, le ministère de la Défense avait rappelé les officiers de l'armée de Saddam Hussein: 4.000 s’étaient présentés et quelque 2.500 avaient été retenus, tous sunnites. « Ils ont intégré l'armée depuis quelques semaines », indique Boubaker Zebari. L’intégration de ces militaires sunnites aurait réussi s’il n’y avait eu ce problème dans la base militaire de Ramadi. Après des mois d’entraînement, toutes les recrues ont démissionné. La cause ? Le commandement avait décidé de les disperser dans tout l’Irak. Or, ces recrues souhaitaient être intégrées dans leur propre ville. A l’instar de Tikrit, ancien fief de Saddam, où l’armée a été recrutée localement. Chose inconcevable pour le haut commandement irakien qui redoute une collaboration entre l’armée et les insurgés. « Ce n’est pas un secret. L’armée est aussi infiltrée par les insurgés. On le voit à Fallouja » déclare le chef d’Etat-major Zébari.

 

Manque de volonté politique

 

 

Le problème des milices perdure car elles continuent de profiter d'une liberté de mouvement à cause du « manque de volonté politique de régler ce problème », note un journaliste irakien.

 

« La priorité du nouveau gouvernement doit être la suppression des ces milices » ajoute-t-il. C’est ce à quoi s’était engagé le Premier ministre Nouri Al-Maliki lors de sa nomination : « les armées doivent être uniquement aux mains du gouvernement et il existe une loi prévoyant d'intégrer les milices dans les forces de sécurité ». Une déclaration qui est restée lettre morte. L’armée du Mehdi de Moktada Sadr circule librement à Sadr City. Les brigades Badr d’Abdel Aziz Al-Hakim (Csrii) font de même à Bagdad et dans le sud de l’Irak.

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